Que celui qui est né aux Antilles et n'a jamais entendu ce désagréable refrain sur le médiocre accueil des touristes par les antillais me le fasse savoir au plus vite. Non pas que cette phrase n'ait pas de sens, ou qu'elle n'ait pas été vérifiée à une certaine époque mais parce que les antillais me surprendront toujours par leur capacité à l’autoflagellation permanente, que je ne peux m'empêcher de me poser cette question : en matière touristique, est-ce vraiment l'accueil qui compte ?
Dès lors que vous aborderez le sujet, on vous donnera mille exemples de séjours merveilleux passés dans les autres îles de la Caraïbe. L'accueil y était grandiose, la population y était merveilleuse, les pêcheurs vous souhaitaient la bienvenue, les commerçants vous aidaient à vous repérer en ville, les restaurateurs vous recommandaient leurs meilleurs plats et je peux continuer pendant des pages. D'ailleurs sur son blog, @TourismeAntilles recense les 10 idées reçues sur le tourisme antillais qui laissent pantois. Dernièrement encore durant les dernières JOMDEV, la question de l'accueil des touristes soulevait des interrogations et des critiques identiques à celles soulevées il y a 10 ans. Je me suis souvenu m'être posé la question en faisant le parallèle avec la merveilleuse ville de Paris. La France, première destination touristique mondiale, Paris, première ville touristique de France et Paris, première ville la moins accueillante de France. Pourquoi Paris et ses taxis, Paris et ses parisiens, Paris et ses serveurs, Paris et son métro, Paris et ses mendiants, Paris et ses pickpockets... Pourquoi Paris continue d'entretenir ce rêve et cette attraction malgré tous ces défauts ? Parce que Paris est plus qu'un simple sourire, parce que Paris est plus qu'une simple marque d'affection à l'égard du voyageur désorienté, parce que Paris est plus qu'un commerçant attentif à un visiteur du Dimanche. Ce qui rend Paris célèbre c'est avant tout son attractivité ! Soit sa capacité à attirer un grand nombre de travailleurs, entreprises, visiteurs, touristes sur son sol et à les convaincre de regarder ailleurs que la mauvaise mine du chauffeur de bus, que le teint blafard et grognard du parisien sortant du boulot, que les crottes de chien jonchant les ruelles, que l'odeur pestilentielle de ses lignes de métro.
Vous l'aurez compris, en matière touristique l'accueil ne fait pas tout. Il concourt au bon déroulement du séjour du touriste sur le territoire mais n'est pas garant de sa réussite. Ce qui prévaut pour une destination est qu'elle n'attirera ou perdra des visiteurs seulement parce qu'elle deviendra ou pas (plus) attractive à leurs yeux. L'attractivité peut se développer grâce aux prix (Antigua), grâce à l'Histoire (Cuba), à la professionnalisation de la structure touristique (Barbade), la richesse naturelle (Dominique), la notoriété (République Dominicaine) etc... Ainsi, pour des destinations perçues comme équivalentes (et c'est le cas de beaucoup d'îles caribéennes) le choix des futures clientèles touristiques va se faire à partir de trois critères : le prix, l'accessibilité et la qualité des services proposés mais jamais parce que sur un territoire les habitants sont plus chaleureux que chez un autre. Vous êtes-vous seulement demandés si vos prochaines vacances se passeront dans un pays où tout le monde sera sympa et vous claquera la bise ?
Pour autant, puisque les Antilles ne sont pas Paris et restent plus chères que leurs voisines, alors oui, l'accueil des touristes sur nos territoires ça compte !